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09/09/2009

Miracle à Endemol ?

SecretStory_07-06-1.jpg"J'ai décidé de créer un groupe de travail afin d'élaborer une charte éthique", déclare la présidente Virginie Calmels :


 

...dans Le Figaro (qui ne rit pas).

Commentaire de Libération : « Difficile de ne pas hurler de rire... Oui, le pionnier de la télé-réalité, l'Endemol de Secret Story qui étale les ruptures en direct, attise le feu entre concurrents afin qu'ils en viennent aux mains, et moque la cellulite ou la grammaire approximative des candidates. Le même Endemol qui a racheté les droits de la chastissime Ile de la tentation, qu'il compte bien refourguer à une chaîne de la TNT... »

Endemol invoque-t-elle « l'éthique » comme d'autres grosses firmes invoquent « le développement durable » : sans prendre aucun risque ? Outre « le respect de la dignité humaine » (voir ci-dessous), la charte éthique d'Endemol sera fondée, dit sa présidente, « sur le refus de valeurs négatives comme le racisme, la drogue, l'alcool et toute forme de violence ». Ces quatre choses étant illégales, donc interdites a priori aux émissions de télé-réalité, la « charte éthique » d'Endemol se ramène à respecter : a) la loi, b) les normes actuelles du TV business. Ne soyons pas dupes. L'expression valeurs négatives laisse d'ailleurs perplexe : dans les salles de marché, des valeurs peuvent devenir négatives en baissant ; les mêmes valeurs peuvent devenir positives en montant. Mais en morale, ce yo-yo est impossible : ce qui est un mal ne devient pas un bien, à moins que le nihilisme de marché ne s'empare de la société.

 

> Précisions :

-

- nous ne sommes évidemment pas misogynes. Nous parlerions de la même façon si la présidente était un président.

-

- Et nous ne mettons pas en cause ici les intentions de Mme Calmels. Bien au contraire. En 2007 elle déclarait à la presse : «  Je crois profondément en Dieu depuis la disparition de mon père. Je sens sa protection sur moi, chaque jour. Trop de choses sont arrivées dans ma vie qui ne peuvent pas seulement relever du hasard. » Rien ne nous autorise à penser que cette foi ne s'investira pas en engagements concrets. Surtout à propos du « respect de la  dignité humaine », qui fera partie (nous dit-elle) de la charte éthique d'Endemol ! Le public mondial sait que la télé-réalité et la dignité humaine étaient jusqu'ici antinomiques. On sait que cette antinomie était liée à la formule de la télé-réalité : formule liée à la nature même de ce business. Puisque la présidente d'Endemol veut installer le respect de la dignité humaine au coeur de ses productions, il va lui falloir accomplir un miracle. On attend avec impatience le bras de fer qui ne manquera pas d'opposer Mme Calmels à l'univers de la télé-réalité tout entier.

 

-

 

10:23 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : télévision

Commentaires

SUR LES MOTS

> La présidente de cette société de production joue avec les mots. Elle dit refuser désormais « toute forme de violence ». La première de ces violences est la soumission de jeunes adultes, moyennant finances, au voyeurisme de leurs contemporains, une soumission qui est assimilable à de la prostitution. Mais comme la patronne d’Endemol, nous pouvons jouer, nous aussi, avec les mots. Avez-vous remarqué cette anagramme d’Endemol : "ledémon" ?

Écrit par : Denis | 09/09/2009

> Houlà !

Écrit par : Vaderetro | 09/09/2009

LE SYSTEME

> Il y a un abus du mot "éthique" aujourd'hui dans tous ces milieux d'affaires. Cela peut se comparer avec le "greenwashing" pseudo-écolgiste des grandes entreprises. Ne pas nous laisser abuser par ce rideau de mots. Ce qui compte c'est la logique interne du système. Même les individus sincères sont dominés par le système qu'ils servent. S'il va dans le mauvais sens, il est plus fort qu'eux et il les mène où il veut, ou bien il se débarrasse d'eux. Voilà la réalité.

Écrit par : Michel-André | 09/09/2009

> oui Michel-Antoine, et on a envie de le dire à des cercles catholiques qui aiment ces mots-là. C'est tellement confortable les "enseignements" (!!!) de managers très à l'aise qui viennent nous dire que ce qui compte c'est leurs bons sentiments bien pieux même quand aucun résultat social ne suit. Est-ce qu'on peut vraiment appeler "enseignement" un opium du peuple ? Les gens qui ont une responsabilité dans la dette du tiers-monde ou dans les plans de licenciements pour engraisser les actionnaires, je n'ai pas envie de les entendre dans les églises.

Écrit par : Clotilde | 09/09/2009

BONNE CHANCE

> Est-ce du même accabit que le commentaire de Xavier Darcos sur la dernière encyclique ?
Elle est proche d'Alain Minc et de Nicolas Sarkozy.
Souhaitons lui quand même bonne chance.
http://www.dailymotion.com/video/x9all0_parlons-net-virginie-calmels-et-laf_news

Écrit par : Annie | 09/09/2009

VRAIMENT ?

> Hummm. Wait and see comme disent les grands Bretons, mais si elle est vraiment croyante, good luck.

Écrit par : vf | 09/09/2009

REVOICI SOPHIE DE MENTON…

> Et Virginie Calmels de déclarer très sérieusement au quotidien « 20 minutes » : « On est déjà éthique mais les gens l’ignorent. » Elle nous apprend également que Sophie de Menton pourrait faire partie du groupe de travail (« si elle accepte », précise-t-elle). Voyez-vous cher PP, vous êtes trop négatif… cette Sophie de Menton a peut-être le tort de parler trop fort dans les dîners en ville, mais elle se démène vraiment avec courage sur tous les fronts de l’éthique. A ce rythme, la chaire de théologie morale de la « Star Academy » ne saurait lui échapper…

Écrit par : Guillaume de Prémare | 09/09/2009

SECRET STORY

> petite anecdote :
il y a 10 mn, j'entendai sous les fenêtres de mon bureau, une discussion entre plusieurs préadolescents (11-14 ans) après la sortie du collège. Discussion navrante centrée exclusivement sur "secret story".
Plusieurs observations :
1) le décalage complet entre les sujets abordés, les commentaires qu'ils sucitaient et ce que l'on sait du développement affectif et social de jeunes gens de cet âge,
2) secret story est regardé en priorité par de jeunes adolescents incapables de faire la part des choses et de prendre de la distance avec l'image.
Je suis certain que tout cela n'est pas ignoré par Mme Calmels, bien au contraire.
J'en tire la conclusion que ses déclarations, même les plus lénifiantes, ne sont guidées que par le marketing. Nos enfants sont manipulés, marchandisés. Tout ceci n'est qu'affaire de fric.
Ils ont beau jeu de s'élever contre l'exploitation des mineurs dans le tiers monde.
Bandes de tartuffes, ils n'ont même pas l'excuse de la pauvreté.

Écrit par : gdecock | 09/09/2009

PAS LA TELE

> "Nos enfants sont manipulés, marchandisés. Tout ceci n'est qu'affaire de fric". Aussi suis-je heureux de mon choix de ne pas avoir la télévision, au grand étonnement de mes collègues de travail !

Écrit par : Thomas | 10/09/2009

@gdecock :

> sophie de ment(h)on n'est pas la garante d'une éthique quelqu'elle soit. Elle a une action positive au MEDEF par ses prises de positions mais pour le reste...
Le professeur Lejeune remplaçait ''ethique'' par ''morale'' ce qui à l'avantage d'empêcher l'interlocuteur de se cacher derrières des concepts fumeux et forcément relatifs.

Écrit par : louis | 10/09/2009

LES PERSONNES ET LES STRUCTURES

> Bonjour,
Il faut avouer que comme dans d'autres cas, cette initiative peut faire sourire, quand elle ne laisse pas perplexe.
PP a dit : "Ces quatre choses étant illégales, donc interdites a priori aux émissions de télé-réalité, la « charte éthique » d'Endemol se ramène à respecter : a) la loi, b) les normes actuelles du TV business."
J'ajoute que l'article L121-1-1 du code de la consommation interdit "de présenter les droits conférés au consommateur par la loi comme constituant une caractéristique propre à la proposition faite par le professionnel". Peut-être faut-il juste le rappeler.
Sinon, j'en profite pour juste ajouter un petit commentaire général : depuis plusieurs jours se succèdent sur votre blog des articles ou commentaires concernant l'actualité de certaines figures sociales (X. Darcos, le MEDEF, Sophie de Menthon, Endemol, Nicolat Hulot, ...) mettant très justement en avant des propos ou démarches allant dans un sens qu'on peut qualifier de "positif". Le problème que je veux mettre en avant rejoint les propos d'un de vos lecteurs, Michel de Guibert, qui m'ont fait réfléchir : pour une raison qui me dépasse, les articles sur ces personnes, loin de nous mettre en liesse, invitent vos lecteurs (moi compris) à n'être encore que plus suspicieux à l'égard de leurs intentions et donc de leur vertu, si je peux le dire ainsi. Loin de moi l'idée d'en faire porter la responsabilité à vos articles ! Mais cela me fait réfléchir. Dans un de vos articles vous faisiez remarquer que, tout chrétien que l'on est, nous avons souvent du mal à dépasser nos étiquetages politiques et à voir dans notre adversaire un frère de foi. Combien plus alors quand cet adversaire politique ne fait que montrer une foi encore balbutiante, débutante, mêlée encore d'attachements très terrestres, voire un "simple humanisme athée" (pour reprendre les termes d'A. Comte Sponville, encore que le "simple" soit de moi - désolé). Nous savons pourtant que l'humanisme, même sans dévotion particulière à notre Seigneur Jésus Christ, peut atteindre des sommets de vertu véritable. Voyons le cas de Gandhi qui, bien qu'inspiré par l'esprit des grandes religions, n'en aura conçu en lui-même qu'un syncrétisme humaniste. Et pourtant, quelle dévouement au service de l'humanité, et donc au service de Dieu ! Loin de moi de comparer les archétypes de l'excès abordés sur ce blog à Gandhi, dont certains aspects de la vie, hors la foi, peuvent rappeler le poverello d'Assise. Mais par une autre forme d'excès (dans ma comparaison) je me permets de trouver une raison d'invoquer l'espérance, et de voir derrière l'écologie-business ou l'éthique-business, quelque chose à encourager dans ce qu'il a de positif et de vrai. Et puis, à titre personnel, j'ai toujours connu plus de joie à être naïf qu'à me méfier. aussi mon propos ici était de dire que ce trop de "lucidité" me rend plus terne et plus triste. Mon coeur ne s'y retrouve pas. Pour ne pas rester sur une note négative, j'ajoute que vous faites alors bien d'alterner toujours avec des articles inspirés des propos de notre pape ou de la véritable foi catholique, qui permettent de nous désaltérer un peu avant de devoir à nouveau affronter la sécheresse du doute et de la suspicion.
Bien à vous.
Pneumatis

[ De PP à P. :
- Critiquer les idées et les actions, n'est pas s'en prendre aux vertus ni aux intentions.
- L'objectif de nos réflexions est d'analyser les causes STRUCTURELLES des souffrances humaines, environnementales, etc : analyse critique indispensable, et qui ne saurait se confondre avec une suspicion envers les intentions des PERSONNES. Au contraire, nous insistons sur ce point : quelles que soient les bonnes intentions des individus, elles ne peuvent pas grand'chose contre les "structures de péché" (économiques, financières etc) bien plus fortes qu'eux !
- Il faut changer ces structures, comme le pape nous y invite : ce qui implique de la lucidité, du réalisme et de la vigueur pour mener un un combat intellectuel et politique.
- Tout combat supose une confrontation. Les structures de péché sont servies par des individus : critiquer les responsabilités de ces individus est juste, équitable et salutaire.
- L'évangile d'aujourd'hui (Luc 6, 27-38) nous invite à ne pas tout confondre. Jésus ne dit pas : "n'ayez pas d'ennemis". Il dit : "aimez vos ennemis". Dès que vous élevez la voix pour exprimer une analyse critique justifiée, vous vous faites nécessairement des ennemis (cf. par exemple la réaction de Mme de Menthon, qui n'admet pas qu'on la conteste pour ses prises de position... contestables). Le travail moral du chrétien qui s'est ainsi fait un ennemi, consiste ensuite à ne pas laisser la controverse dégénérer en acrimonie ad hominem, parce que le chrétien doit aimer même ses ennemis : Dieu nous aime tous quels que nous soyons... Mais aimer "comme Dieu aime" n'est évidemment possible qu'avec la grâce !
- Une vieille plaisanterie anglaise dit : "Dieu fait pleuvoir sur le juste et l'injuste, mais surtout sur le juste, parce que l'injuste lui a volé son parapluie." Elever la voix pour exiger que l'injuste rende le parapluie, c'est une saine polémique : et c'est ce que nous essayons de faire dans ce blog. ]

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Écrit par : Pneumatis | 10/09/2009

SI VOUS VOULEZ EDUQUER VOS ENFANTS

> C'est tout à fait ça. La télé-réalité est regardée par les collégiens en priorité. Les lycéens que j'ai eu regardent beaucoup moins ces émissions. Je suis atterré quand j'écoute mes élèves parler de ce qu'ils regardent. Cela suscite deux questions: Est-ce une volonté de cibler ce public? Du coup, peut-on parler d'endoctrinement des ados pour les formater dans le sens du système? Et les parents? Où sont-ils? L'autre jour, dans un magazine livré avec le journal du coin, un pédo-psychiatre expliquait qu'il ne fallait pas interdire la tv dans la chambre des ados sous prétexte que tous le monde le fait. Il précisait même que la supprimer reviendrait à vouloir revenir à la machine à vapeur en plein XXIe siècle. Bref, vous voulez éduquer vos enfants, virez la tv.

Écrit par : vf | 10/09/2009

@ LOUIS

> Vous dites : les prises de position de Mme de Menthon au Medef sont positives. Moi je les trouve effrayantes, comme tout l'ultralibéralisme qui nous a mis là où nous sommes. Le seul côté positif c'est qu'elle dit ouvertement et brutalement son mépris des salariés, que les autres ultralibéraux essaient de camoufler sous du baratin vert ou éthique.

Écrit par : Tomazo | 10/09/2009

COMMENT DEBATTRE

> Merci de votre réponse. Je suis bien conscient du fait que votre analyse porte sur les structures et non sur les personnes, et c'est pourquoi j'ai précisé que de cette dérive dont je parle, vos articles n'étaient pas responsable. Je salue au contraire votre esprit critique et votre vigilance.
Mais, pour prendre un autre exemple, ayant été un familier de certains débats apologétiques, l'association homme-idée est plus qu'inévitable d'une part, et d'autre part toute forme d'affrontement doit connaitre ses temps de recollection. Sans quoi on finit par avoir le sentiment, bien magré nous, de n'avoir que des adversaires autour de nous. Ainsi en va-t-il de la tristesse que j'évoquais.
Sur votre blog, votre critique générale de l'ultralibéralisme est excellente et j'y adhère pleinement, mais je fais le constat pour moi-même, et peut-être dans ce que j'ai cru percevoir des interventions de vos lecteurs, que la même vigilance peut nuire à ce que certains "progrès" ne nourrissent pas l'espérance comme ils le devraient. Il y a ce réflexe de prudence, que je suis le premier à subir (voyez par exemple mon accueil très "mitigé" aux propos de N. Hulot que vous nous fait partager) du "ne nous réjouissons pas trop vite".
Bref, je n'ai rien contre le combat, je n'entends pas m'y dérober ni refuser de reconnaitre mes ennemis. Mais le combat, lorsqu'on est chrétien, a des exigences plus élevées que pour tout autre type de protagoniste. J'ai appris cela de nos derniers papes, en voyant avec quelle douceur, n'enlevant rien à leur fermeté, ils abordaient les questions difficiles. Nous en avons d'ailleurs un fameux exemple dans les propos de Benoit XVI, cités dans le document de Guillaume de Prémare que vous avez mis en lien sur votre blog. La communication et la pédagogie, voilà des règles dans le combat du chrétien qui ne sont pas à négliger. Vous me lirez et verrez peut-être là un reproche à votre encontre : ce n'est pas du tout le cas... je réfléchis juste tout haut, vous dirais-je, si je n'étais pas en train d'écrire.
Exemple : vous ne convertirez probablement jamais un musulman en lui démontrant point par point les incohérences de sa religion, quand bien même il ne trouverait à vos arguments aucune réfutation. Mais vous le convertirez beaucoup plus probablement si vous l'invitez à réfléchir avec vous à ces incohérences, en lui témoignant d'une amitié et d'une douceur d'autant plus grande qu'elle prendra en considération la prise de conscience brutale que devra affronter votre interlocuteur. J'ose dire ici, sur un blog catholique, que si la raison seule suffisait, le monde entier serait catholique, et annoncer l'évangile ne serait qu'une formalité. Le dialogue inter-religieux, pour rester dans cet exemple, n'a rien d'un débat philosophique ou théologique : c'est une épreuve psychologique immense qui doit conduire l'homme à abandonner ses attachements identitaires, émotionnels, affectifs, etc, pour reconnaitre ses propres contradictions et s'abandonner justement à la raison et à la grâce...
Tout le travail (de funambule) consiste à faire éclater la vérité de manière à ce que mêmes les personnes au cœur de l'erreur que l'on dénonce en soient éclairées...
C'est extrêmement difficile, et c'est ce qui rend des débats comme ceux sur l'homosexualité par exemple si polémiques, si difficiles, et au final bien trop souvent stériles.
Si il y avait un proverbe à dégager de tout cela, ce serait "une main de fer dans un gant de velours", voilà le combat du chrétien. Annoncer la vérité dans la charité, ou faire la charité dans la vérité, c'est témoigner à mon sens d'une douceur et d'une amitié d'autant plus éclatantes à l'égard des personnes que la vérité leur sera difficile à entendre.
Et l'expression que j'en donnais dans mon précédent message était une simple suggestion : peut-être que de laisser plus volontiers éclater son enthousiasme, tout en exprimant non pas de la réserve mais des encouragements à persister et s'affirmer dans cette voie, voilà qui enseigne à tout le monde à la fois...
Enfin, je ne veux pas être malhonnête et je tiens à reconnaitre que c'est ce que vous faites, en règle général sur votre blog, et c'est d'ailleurs pourquoi je l'apprécie. Pourquoi est-ce que je dis tout cela alors ? Peut-être parce que j'ai l'impression que vous avez un vrai potentiel pour aller encore plus loin dans ce sens, et pousser toujours plus cette sagesse de votre combat.
Bien à vous.

Écrit par : Pneumatis | 10/09/2009

> Pour abonder dans le sens de Pneumatis, je rappellerai les mots de Maritain :
"J'ai dû commencer par la controverse, elle m'ennuie de plus en plus. Je sais les erreurs qui ravagent le monde moderne, et qu'il n'a de grand que sa douleur, mais je respecte cette douleur ; je vois partout des vérités captives, quel ordre de la Merci se lèvera pour les racheter ? Notre affaire est de chercher le positif en toutes choses, d'user du vrai moins pour frapper que pour guérir. Il y a si peu d'amour dans le monde, les cœurs sont si froids, si gelés, même chez ceux qui ont raison, les seuls qui pourraient aider les autres. Il faut avoir l'esprit dur et le cœur doux. Sans compter les esprits mous au cœur sec, le monde n'est presque fait que d'esprits durs au cœur sec et de cœurs doux à l'esprit mou."
("Réponse à Jean Cocteau")
Michel de Guibert

[ De PP à MG - Dire la vérité sur la situation de la société (dont dépend la vie des hommes), c'est servir le bien commun : et on ne peut le faire en silence que si l'on est trappiste, ce qui ne nous est hélas pas donné d'être. A trop se réfugier dans la longanimité, on finirait par condamner l'immense polémique qu'a été une partie de l'oeuvre de saint Augustin - par exemple... Loin de moi l'idée de lui comparer nos modestes échanges : mais, bon, méfions-nous du "spiritualisme". Augustin s'en méfiait à l'extrême.]

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Écrit par : Michel de Guibert | 10/09/2009

@ louis

> Je ne vois pas bien l'intérêt de remplacer "éthique" par "morale" : ce sont deux synonymes, l'un d'étymologie grecque ("ethos"), l'autre d'étymologie latine ("mores") ; la vraie question est de savoir si l'on instrumentalise le mot (l'un ou l'autre !) ou si l'on se réfère avec humilité à un ordre supérieur et normatif.

Écrit par : Michel de Guibert | 10/09/2009

@ Pneumatis

> Je conteste absolument l’idée selon laquelle « le dialogue interreligieux » doive « conduire l'homme à abandonner ses attachements identitaires, émotionnels, affectifs, etc » A l’inverse de cette idée, Jean-Paul II a promu le dialogue interreligieux en assumant pleinement et en respectant l’identité de foi de l’Eglise. L’ abandon d’identité qu’impliquerait le dialogue interreligieux constitue précisément l’argumentation des opposants à ce dialogue, qui le présentent comme une apostasie menant au syncrétisme (ce qu’ils appellent « l’esprit d’Assise »).
Concernant l’identité culturelle, le grand pape polonais en a toujours été un fervent promoteur. La sienne était très fortement ancrée dans sa personnalité. Cela ne l’a pas empêché, bien au contraire, d’assurer avec le succès que l’on sait sa charge universelle.
Quant aux "attachements émotionnels et affectifs", la spiritualité chrétienne ne les regarde pas comme mauvais, elle incite simplement à une ascèse qui conduit, sans les abandonner, à ne pas en faire une idole ou un maître. Dans cet esprit, le chrétien saura, si c’est nécessaire, renoncer à ses préférences personnelles pour favoriser l’harmonie et rendre la vie plus agréable à son prochain. Cependant, la foi n’entre pas dans la catégorie des préférences personnelles. L’identité non plus…
Ceci dit, merci pour votre plaidoyer pour la vérité dans la charité !

Écrit par : Guillaume de Prémare | 10/09/2009

@ PP

> Où voyez-vous dans les mots de Maritain que je citais qu'il faudrait se réfugier dans le silence ou la longanimité et taire la vérité ?
Quand Maritain donne ce conseil : "Il faut avoir l'esprit dur et le cœur doux", n'est-ce pas du service de la vérité dans la charité qu'il s'agit ?
Quand il appelle de ses vœux un "ordre de la Merci qui se lèverait pour racheter les vérités captives", n'est-ce pas du service du bien commun qu'il s'agit ?
Il ne s'agit pas chez Maritain de "spiritualisme". Quand Maritain écrit : "Primauté du spirituel", vous le savez, c'est, au moment de la condamnation de l'Action française, pour réfuter l'instrumentalisation du spirituel par le politique.
Michel de Guibert

[ De Pp à MG - Vous nous fournissez dans ce second message la clé d'interprétation du premier. Soyez-en remercié. ]

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Écrit par : Michel de Guibert | 11/09/2009

@ Guillaume de Prémare

> Bonjour,
Je vous remercie de préciser mes propos et de lever une ambiguité que je ne leur avais pas voulue. Je parlais d'abandon non pas d'identité, qu'elle soit culturelle ou de foi. Mais d'un "lâcher-prise", d'abandonner les "crispations identitaires" qui nous emprisonnent dans un esprit farouche, comme un animal sauvage et menacé qui se priverait de sentir la nourriture que vous lui tendez de simple peur que vous l'approchiez.
En outre, ce "lâcher-prise" que j'évoquais n'est pas un renoncement à la vérité, au contraire. La vérité est bien ce qui est recherché, cela doit même être l'objectif commun et premier des interlocuteurs. Ainsi soit vous êtes dans la vérité, et ce lâcher-prise vous y conforte, en témoignant justement de votre foi : puisque vous acceptez la possibilité d'une remise en cause, vous témoignez alors que c'est bien la vérité qui vous intéresse, et non de vous glorifier dans une quelconque supériorité identitaire. Et si vous n'êtes pas dans la vérité, alors cette attitude, ce lâcher-prise, est précisément ce qui permet de vous y conduire.
Je ne tiens pas ici un discours relativiste sur la Vérité. Mais c'est justement parce que j'ai totalement foi en Christ que je peux librement soumettre ma foi à l'examen et au débat. Et il advient alors que par cette attitude d'ouverture, non seulement je peux réellement porter témoignage à la vérité, mais il y a fort à parier que mon intelligence se trouve enrichie par l'effet du dialogue.
Voilà donc, l'exemple que je donnais prétendait, entre autres choses, mettre l'accent sur l'un des aspects du dialogue qu'est le nécessaire "lâcher-prise" (renoncement de l'orgueil, en fait), le moment de collaborer avec mon interlocuteur à la recherche de la vérité. Même si ce n'était qu'une digression à mon propos général qui plaidait plutôt pour un discours enraciné dans la charité.
Et justement, j'ajoute que je me retrouve tout à fait dans les propos de Maritain à Jean Cocteau, beaucoup plus clairs et plus synthétiques que les miens, et cités par Michel de Guibert.

Écrit par : Pneumatis | 11/09/2009

@ Pneumatis

> En effet, pour aborder un dialogue fructueux, l’homme est appelé à vaincre, autant que possible, ses crispations et son orgueil. Vous faite bien de compléter votre propos, je le comprends mieux ainsi. Ma légère… crispation vient du fait que l’expression « crispations identitaires » est abondamment servie dans les débats contemporains pour donner une acception infamante* à une chose profondément bonne : l’enracinement de l’homme, des familles et des sociétés dans leur identité profonde, notamment en matière de religion et de culture. C’est pourquoi je lui préfère le terme de « raidissement », posture qui consisterait à tendre vers l’affrontement plutôt que vers le dialogue… Ceci nous renvoie à Maritain : des « esprits durs au cœur sec » ; voilà en effet ce qui nous guète, tout autant que nous guète le fait de devenir des « cœurs doux à l’esprit mou ».

* Dans la pensée dominante, l’identité, la culture, la religion, sont présentés comme facteurs intrinsèques d’affrontements entre les hommes, ce qui conduit l’esprit du temps à prôner l’irréligion et la dilution culturelle. Dans la pensée chrétienne classique, c’est l’inverse : la culture et la religion constituent des éléments déterminants du lien social et favorisent l’harmonie et l’ordre social, donc le bien commun ; et à contrario l’irréligion détruit le lien social. Pour dépasser l’une et l’autre thèse, il y a la théorie (ou l’utopie) d’une « spiritualité sans religion » : débarrassé de ses oripeaux culturels et sociaux, le christianisme retrouverait une pureté intérieure (et supposée originelle) qui diffuserait dans la société une morale individuelle pacifique qui favorise l’harmonie du corps social. Ainsi, tout serait sauf : l’irréligion ne tournerait pas à l’impiété ; et la religion « sociologique » (appelée « chrétienté ») ne conduirait plus aux affrontements passés puisqu’elle aurait disparu.

Écrit par : Guillaume de Prémare | 11/09/2009

@ vf

> Vous dites : "Bref, vous voulez éduquer vos enfants, virez la tv."
Un peu court comme argument, car il faut bien remplacer les quelques heures passées devant l'écran quotidiennement par quelque chose de plus édifiant ! Et c'est difficile de le faire dans notre société de consommation et de loisirs, qui propose une multitude de gadgets (internet, psp, iphone avec tv, etc.), lequels s'accumulent dans les chambres.
J'aimerais donc bien vous entendre sur ce point.

Écrit par : Théophile | 12/09/2009

CHEMIN

> Ce qui donc suppose de rompre avec la société de consommation qui nous ronge, cher Théophile. J'ai quatre enfants et ils n'ont aucun des gadgets que vous citez. Par contre, nous "pillons" chaque semaine la médiathèque voisine en livre et bd. Ils ont une salle de jeux rempli de jouets normaux (c'est à dire non-éducatifs selon les normes en vigueur), un baby-foot etc. Cela veut dire lire les livre qu'ils lisent pour en parler, jouer au baby-foot ou aux échecs avec eux, bricoler ou jardiner avec eux (notre grand jardin et sa rivière nous aident beaucoup). Bref, il faut vivre avec eux et ne pas vouloir simplement les occuper à l'aide de toutes les nouvelles technologies que le système nous propose sous prétexte que les autres les ont et que c'est bon pour leur épanouissement. Cela n'exclut pas de se faire un bon film de temps en temps ou une bonne émissions tv (de plus en plus rare). A cela s'ajoute la musique et le scoutisme. Votre remarque sur le temps à occuper est symptomatique. Il ne s'agit pas d'occuper les enfants mais de vivre avec eux. Il n'est pas difficile de meubler le temps si l'on ne part pas dans l'idée des les occuper (combien de mes élèves ont un emploi du temps de ministre mais aucun contact humain en famille) mais de vivre un temps avec eux, de les écouter, de parler avec eux. Cela demande de se donner à ses enfants et pas de simplement gérer leur éducation en visant une performance qu'elle soit scolaire, sociale ou spirituelle (j'ai connu des familles qui écrasaient leurs enfants d'activités spirituelles mais qui ne les connaissaient pas vraiment, d'où clash à l'adolescence). Se donner et écouter, vivre dans la vérité et pas dans l'artifice du matérialisme ou des faux-semblants donnant bonne conscience. C'est une forme de conversion. Mais cela ne se fait qu'en couple. Il faut que les deux parents marchent sur le même chemin.

Écrit par : vf, | 12/09/2009

MOHICANS

> Un grand merci vf pour votre commentaire qui m'éclaire sur bien des points. Ayant des enfants en bas âge et vivant sans TV, je me demandais jusqu'à quand l'on pouvait vivre dans cette société publicitaire comme le dernier des Mohicans !

Écrit par : Théophile, | 14/09/2009

BAMBINS

> Cher Théophile, j'oubliais une chose. Il faut aussi beaucoup d'amour et de patience parce que, n'étant plus lobotomisés par la tv ou le portable, nos chers bambins deviennent particulièrement vivants et présents. :)

Écrit par : vf | 15/09/2009

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